Trafic de drogue
Darknet : un adolescent passible d’une peine de prison après avoir commandé du fentanyl

le
Par
Illicit Trade
Trevor Harden, un jeune homme de 19 ans, encourt 20 ans de prison et 1 million de dollars d’amende pour avoir commandé 20 000 pilules de fentanyl sur le Darknet. Cet analgésique opioïde, assimilé aux stupéfiants, est environ 100 fois plus puissant que la morphine, devenu depuis peu très prisé par la scène toxicomane états-unienne.
L’adolescent a plaidé coupable la semaine dernière, admettant ses intentions de se procurer le fentanyl pour le revendre. Arrêté le 10 Octobre, 500 000 dollars de pilules ont été saisies par les forces de l’ordre. Son soi-disant associé, un certain Tyler Woodraska, a plaidé non coupable et doit lui aussi être jugé.
Les pilules de fentanyl ont été découvertes lors d’un contrôle routinier à la poste, dans une enveloppe adressée à Trevor Harden. Les forces de l’ordre ont donc pu arrêter Tyler Woodraska, venu récupérer le paquet, ainsi que son destinataire.
L’épidémie des opioïdes aux Etats-Unis
Utilisé en médecine, le fentanyl est destiné à alléger les lourdes souffrances de patients atteints de cancers à un stade avancé. Mais plus récemment, les trafiquants de stupéfiants l’utilisent pour augmenter les effets de l’héroïne.
Trouvés dans les médicaments anti-douleurs, les opioïdes peuvent devenir très addictifs, et lorsque leur ordonnance n’est plus renouvelable, les consommateurs, qui représentent 80% des usagers, se tournent vers le marché illicite. Ils retrouvent les effets procurés par les anti-douleurs grâce à des molécules telles la morphine, l’héroïne et le fentanyl.
Ce jeudi, le président américain, Donald Trump, a déclaré que l’épidémie des opioïdes était une “urgence sanitaire” aux Etats-Unis. L’addiction à ces substances s’est démultipliée à travers le pays, le nombre d’overdoses ayant quadruplé depuis 1999. En 2016, elles ont causé 64 000 décès.
Le darknet facilite l’accès aux substances illicites et produits de contrebande
Le marché de la drogue sur internet est loin d’être une nouveauté. Inauguré par Silk Road (la route de la soie) en 2011, il a vu l’entrée en jeu de multiples concurrents après une première fermeture du site par le FBI en 2013.
Ces sites internets, fonctionnant comme des Amazons de la drogue, facilitent l’accès pour le consommateur à ces substances. L’image de l’homme à capuche achetant de l’héroïne à son dealer au fond d’une impasse mal famée n’existe plus : désormais, il est possible d’en acheter depuis son domicile et de se la faire livrer sur place. Et ce, en ayant très peu de chances d’être découverts : en passansant par des réseaux informatiques tels Tor, l’origine des connexions est protégée, et il est alors impossible d’identifier vendeurs et clients.
Ainsi, pour mettre au grand jour ce système de trafic, les forces de l’ordre sont contraintes à tenter d’intercepter les substances lors de contrôles pendant leur transit. Ainsi, Trevor Harden et Tyler Woodraska ont pu être arrêtés.

Les entreprises de transport maritime s’allient aux autorités néerlandaises et belges contre le trafic de drogue
Cinq entreprises incontournables dans le transport maritime de conteneurs dans les ports d’Anvers et Rotterdam ont signé un engagement commun. Ces dernières affirment qu’elles collaboreront entre elles, avec les ports et les gouvernements pour combattre le trafic de drogue sur leurs bateaux et au débarquement. Cette déclaration contre le trafic de drogue international et le crime organisé souhaite devenir le nouveau standard à l’échelle globale. Ce niveau de coopération entre transport maritime et autorités est du jamais vu.
5 % pour de la cocaïne mondiale passe à Anvers et Rotterdam
Selon le responsable des douanes néerlandaises, Aukje de Vries; «Les saisies records des ports d’Anvers et de Rotterdam montrent l’ampleur gigantesque du trafic de drogue dans les deux pays». Cette déclaration a été faite au cours de la signature de l’accord. Sur une note plus positive, de Vries s’est félicité de la solidarité renouvelée entre les différents acteurs en présence. Le premier ministre belge et les maires de Rotterdam et Anvers, ainsi que d’autres ministres étaient également présents lors de la signature.
Les autorités ont souligné que la situation était propice pour le trafic de drogue et la mafia. Les millions de conteneurs et les dizaines de milliers d’employés rendent la situation presque incontrôlable. La nature même de ce commerce est un problème quasi insurmontable pour les autorités. En 2022, on a estimé que 5 % de la cocaïne mondiale passait par les ports d’Anvers et de Rotterdam. De nombreuses interventions policières ont eu lieu et de nombreuses saisies ont été effectuées. Mais le transport maritime reste encore et toujours aux prises avec ce problème.
Les compagnies de transport maritime s’unissent
La semaine passée l’équipage d’un navire arrivant en Belgique a été pris d’assaut. Ces trafiquants armés présumés cherchaient de la cocaïne à bord du navire. En décembre, un autre navire a dû faire demi-tour et s’ancrer au large après une menace d’attentat à la bombe. Cette affaire serait aussi liée au trafic de cocaïne que les autorités ont retrouvé à bord par la suite. Selon les autorités les problèmes de deux ports seraient connectés. Il est donc logique qu’une coopération internationale directe entre les gouvernements et ces deux entités soit mise en place.
Les responsables des entreprises de transport maritime MSC, Maersk, CMA-CGM, Hapag-Lloyd, et Seatrade Group semblent aussi de cet avis. Elles promettent de leur côté de mettre en place des conteneurs intelligents qui permettront d’avoir un contrôle plus direct et un meilleur suivi. Ces derniers seront mis en place en priorité pour les cargaisons sensibles. Une meilleure protection des conteneurs et de l’accès aux zones portuaires va aussi être mise en place. Des systèmes de sécurité biométriques pourraient entre autres être mis en place.

Les politiciens affirment qu’ils stopperont les trafiquants, mais les experts affirment que la guerre contre la drogue ne fonctionnera pas
Le président Biden a annoncé ce weekend qu’il lançait une opération d’ampleur contre la production et la vente de fentanyl. Cette drogue est à l’origine de 70000 overdoses par an aux États-Unis. La pression des parlementaires des deux bords se fait sentir pour que le trafic de fentanyl depuis le Mexique soit stoppé à la frontière. Cependant, le consensus parmi les experts est que les stratégies actuellement mises en place ne fonctionnent pas. Selon certains, il n’existe aucun moyen de stopper le trafic, et certainement pas avec une nouvelle guerre contre la drogue.
Les postures des politiciens
Selon l’ancien ambassadeur mexicain aux États-Unis, Arturo Sarukhan ; « Tant que les deux pays suivent les anciens paradigmes, qui n’ont pas fonctionné, nous n’avancerons pas ». Malgré ces remarques sensées, les parlementaires semblent de plus en plus en faveur de relancer la guerre contre la drogue et de renforcer la répression à la frontière. Le nombre de mort du fait du fentanyl est sans doute à l’origine de cette évolution. Il faut ajouter que certains instrumentalisent cette question à des fins politiques.
Les républicains avaient été les premiers à politiser la question pendant les élections des midterms en novembre. Ils avaient alors faussement affirmé que la question du fentanyl était liée à celle de l’immigration illégale. Désormais, les démocrates aussi poussent pour que Biden fasse pression sur les autorités mexicaines. Ils demandent que ces derniers renforcent la lutte contre les cartels. De son côté, la DEA affirme qu’ils mènent un effort international pour détruire les cartels de Jalisco et Sinaloa.
Guerre contre la drogue ou contre le Mexique ?
Le problème de cette stratégie est que l’État mexicain est tout simplement trop faible pour venir à bout des cartels. Selon Sarukhan, seules quelques agences gouvernementales ont réellement à cœur de s’en prendre à ces formidables ennemis. La corruption et l’impunité règnent au Mexique selon l’ancien ambassadeur. Les profits de ces cartels, notamment grâce au fentanyl, sont tels que leur pouvoir ne cesse de croître. Une meilleure surveillance aux frontières ne risque pas d’améliorer la situation. Cette drogue est si puissante qu’elle peut être dissimulée par toutes petites quantités.
La mésentente entre les deux pays sur cette question est aussi à blâmer. Pendant l’administration Trump le Mexique s’est retiré de presque tous les efforts de coopération et la situation ne s’est pas améliorée depuis. Les informations ne passent pas la frontière. Par ailleurs, le Mexique n’est qu’une partie du problème du fentanyl. Les précurseurs chimiques arrivent, eux, de Chine. Or, avec la tension sur la question de Taïwan, le gouvernement chinois a aussi suspendu ses efforts de coopération avec Washington. Face à ces insuffisances structurelles, il ne reste aux politiciens qu’à se présenter comme plus radicaux et bellicistes. Cette posture est d’autant plus ridicule qu’elle ne sauvera pas la vie des États-Uniens, et risque au contraire d’accroître le nombre de morts.

Le procès d’un ancien ministre de la Sécurité publique mexicain accusé de corruption a commencé récemment à New York
Les procureurs accusent cet ancien haut fonctionnaire d’État d’avoir accepté des pots-de-vin du cartel de Sinaloa. L’homme était autrefois ministre de la Sécurité publique. Il est aujourd’hui accusé d’avoir trahi son pays. Les avocats de la défense affirment de leur côté que l’accusation fait le jeu de cartels qui cherchent à se venger de Genaro Garcia Luna.
Les accusations de criminels
Luna a été responsable de l’Agence d’enquête fédérale du Mexique entre 2001 et 2005. Il a ensuite été ministre de la Sécurité publique de 2006 à 2012. Les procureurs fédéraux de Brooklyn affirment que le fonctionnaire aurait donné des informations au cartel de Sinaloa. Il leur aurait donné des informations sur leurs rivaux et aurait assuré le passage de cargaisons de drogue en échange de dizaines de millions de dollars.
Garcia Luna a été arrêté en 2019 au Texas. En 2020, il a plaidé non coupable à 5 accusations notamment pour trafic de cocaïne. Le procureur Philip Pilmar a accusé l’homme d’avoir effectué des arrestations et saisi de la drogue pour sauver les apparences. En réalité, il aurait été directement payé par l’ancien cartel de Joaquin « El Chapo » Guzman. Selon Pilmar ; « La personne qui était chargée de lutter contre le cartel de Sinaloa était en réalité leur atout le plus important ». Pilmar s’appuie sur les témoignages d’anciens membres du cartel collaborant avec les procureurs.
Valises de billets pour le ministre de la Sécurité publique
L’avocat de Luna, César de Castro, affirme que ces témoins mentent en échange d’une réduction de peine. Selon lui, il s’agirait de la meilleure manière de punir l’homme responsable de lutter contre eux depuis tant d’années. Luna a longtemps collaboré avec les services de lutte contre la drogue des États-Unis. Il était très bien connecté et présent sur des photos avec nombre de hauts responsables et présidents états-uniens.
En 2018, un proche de Guzman avait témoigné au cours de son procès. L’homme avait affirmé avoir donné une valise contenant 3 millions de dollars à Luna, en 2005 ou 2006. Un autre paiement estimé entre 3 et 5 millions dollars a aussi été payé en 2007. À l’époque, Luna avait crié à la diffamation et à l’absence de preuves. L’ancien président Calderon s’est déclaré choqué et ne rien savoir de toute cette affaire. Il en appelle à la plus haute fermeté si les faits étaient avérés.
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