Le trafic de faucons destinés à la chasse est en hausse au Pakistan malgré les interdictions gouvernementales
Le Pakistan est un haut-lieu de ce commerce illégal destiné aux chasseurs des pays du Golfe. Ce pays a par ailleurs un véritable problème de braconnage ; en effet les faucons sauvages sont réputés être de meilleurs chasseurs que leurs congénères élevés en captivité. Les braconniers capturent donc aussi bien des animaux communs que des espèces menacés d’extinction. Ce trafic de fauxons peut rapporter plusieurs dizaines de milliers de dollars par oiseaux.
Une menace pour la biodiversité
Les acheteurs et revendeurs semblent essentiellement basés à Karachi. Ils se rendent dans des villages isolés et laissent leurs contacts aux braconniers potentiels. Ces derniers peuvent ensuite les appeler si ils réussissent à capturer un de ces oiseaux. L’interdiction de ce commerce ne semble pas avoir ralenti le trafic de faucons ; la demande est malheureusement en hausse selon le WWF du Pakistan. L’organisation estime que près de 700 oiseaux auraient été exportés illégalement hors du pays l’année dernière. Leur destination est généralement les pays du Golfe où cette chasse est une pratique traditionnelle.
Dans ces pays il existe même des hôpitaux spécialisés pour ces oiseaux. Margit Muller, le directeur de l’hôpital des faucons d’Abu Dhabi en soigne près de 11 000 par ans. Ce chiffre aurait doublé lors des dix dernières années. Les fauconniers possèdent généralement entre 500 et 600 de ces petits prédateurs. La plupart d’entre eux sont capturés au Pakistan ou en Mongolie. Tous les hivers des chasses luxueuses sont organisés dans les déserts du Pakistan pour chasser d’autres oiseaux menacés comme l’outarde houbara.
Trafic de faucons au gouvernement
Ces chasses ont également une signification géopolitique. En effet les pays du Golfe sont des créditeurs généreux de ce pays en difficulté qu’est le Pakistan. Même si ce n’est bien sûr pas le seul objectif il est attendu en retour qu’ils puissent continuer leurs pratiques. Le prince héritier d’Arabie Saoudite Mohammed Ben Salman ainsi que deux autres membres de la famille royale ont par exemple été autorisés à chasser par le gouvernement d’Imran Khan. Le gouvernement pakistanais va jusqu’à offrir lui-même des faucons aux chefs d’État.
On comprends qu’il soit difficile de réguler le trafic de faucons dans ces conditions. Certains au Pakistan plaident pour une légalisation de la pratique afin de limiter les dégâts. La méthode s’est avéré efficace pour les permis de chasse onéreux au markhor ; une espèce de chèvre des montagnes endémique. Cet argent encourage les populations à protéger la ressource et le nombre de markhor a augmenté. Le président de l’Association des Fauconniers du Pakistan insiste pour que le pays mette en place un programme durable de gestion des espèces sauvages. Selon lui les fauconniers arabes « viennent sur ces terrains de chasse depuis des générations, et si il ne rencontrent pas d’importants problèmes, ils ne vont pas chercher d’autres destinations ».
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