Trafic d'êtres humains
Méditerranée : les ONG de sauvetage risquent jusqu’à 50 000 euros d’amendes

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Illicit Trade
Le gouvernement italien a adopté un décret-loi qui donne aux autorités répressives le pouvoir d’imposer des amendes pouvant atteindre 50 000 € (56 500 $) aux bateaux de sauvetage des migrants qui tentent de traverser la Méditerranée.
Les autorités italiennes ont confirmé l’adoption du décret-loi mardi, quelques heures à peine avant que le ministre de l’Intérieur du pays, Matteo Salvini, n’annonce la fermeture d’un centre d’accueil pour migrants en Sicile.
La nouvelle loi ne cite pas explicitement les ONG mais pourrait imposer « une amende de 10 000 à 50 000 euros contre le commandant, le propriétaire et l’armateur » d’un navire qui entrerait sans autorisation dans les eaux territoriales italiennes.
En cas de récidive, la loi indique que le navire pourra être saisi par les autorités italiennes.
Le décret-loi doit encore être adopté par le Parlement, où la majorité gouvernementale est confortable.
Le cabinet italien a également approuvé de nouveaux pouvoirs qui permettront aux enquêteurs de lancer des enquêtes secrètes sur les activités des organisations de passeurs, ainsi que d’utiliser un équipement d’écoutes électroniques pour surveiller les suspects d’organisation d’immigration illégale.
Salvini a déclaré croire que les nouvelles règles contribueraient à améliorer la sécurité du pays.
Pia Klemp, la femme capitaine qui risque 20 ans d’emprisonnement
Roland Schilling, représentant régional du HCR en Europe du Sud, a déclaré : « À un moment où les États européens se sont largement retirés des opérations de sauvetage en Méditerranée centrale, les navires des ONG sont plus cruciaux que jamais. Sans eux, il est inévitable que davantage de vies soient perdues. »
Salvini a menacé hier d’utiliser les nouvelles mesures, qui n’ont pas encore été portées devant le parlement italien, sur un bateau d’une ONG allemande qui a recueilli sans autorisation des migrants au large des côtes de la Libye.
Pia Klemp, la femme capitaine du navire de sauvetage, opéré par l’association caritative Sea Watch, pourrait être condamnée à 20 ans d’emprisonnement si elle est reconnue coupable d’avoir illégalement aidé des migrants à traverser la Méditerranée.
Plus de 93 000 personnes ont signé une pétition en ligne appelant à l’abandon des charges retenues contre elle.
L’Italie a annoncé ces nouvelles lois alors que l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) avait révélé que sept personnes s’étaient noyées et que 57 avaient été secourues au cours d’une opération visant à sauver les migrants qui tentaient de traverser la Méditerranée, un peu plus tôt dans la semaine.
L’OIM a déclaré que plus de la moitié des personnes à bord du navire sur lequel les migrants voyageaient venaient de la République démocratique du Congo, du Cameroun et de l’Angola.
« La route de la Méditerranée orientale est la voie de passage en mer la plus fréquentée de cette année pour les migrants en situation irrégulière qui tentent d’atteindre l’Europe, avec 9 660 arrivées en Grèce ou à Chypre jusqu’au 9 juin, soit une légère augmentation par rapport aux 9 352 arrivées signalées jusqu’au 9 juin de l’année dernière », a déclaré l’OIM dans un rapport.
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160729-N-ZE250-283 MEDITERRANEAN SEA (July 29, 2016) - Sailors assigned to USS Carney (DDG 64) provide security while members of the SOS Mediterranee ship MS Aquarius rescue migrants on a small craft in the Mediterranean Sea July 29, 2016. Carney, an Arleigh Burke-class guided-missile destroyer, forward deployed to Rota, Spain, is conducting a routine patrol in the U.S. 6th fleet area of operations in support of U.S. national security interests in Europe. (U.S. Navy photo by Mass Communication Specialist 3rd Class Weston Jones/Released)


La police grecque a arrêté des dizaines de personnes dans le cadre d’un important cas de trafic d’êtres humains en Grèce.
Selon les autorités, le réseau de trafiquants aurait aidé des centaines de migrants à entrer illégalement dans le pays depuis la Turquie en échange de sommes d’argent considérables. L’opération a été menée conjointement par la police et l’agence européenne Frontex. Plus de 100 policiers ont participé à l’opération qui a abouti à l’arrestation de 47 personnes, dont 26 ressortissants turcs et 21 ressortissants grecs. Les suspects ont été arrêtés dans différentes parties de la Grèce, notamment à Athènes, Thessalonique et Xanthi.
Les dangereuses routes du trafic d’êtres humains en Grèce
Selon les enquêteurs, les trafiquants auraient fait passer les migrants en Grèce par des voies maritimes et terrestres dangereuses, souvent en utilisant des bateaux pneumatiques surchargés. Les migrants étaient ensuite transportés dans des camions et des fourgonnettes vers des endroits isolés, où ils étaient cachés avant d’être transportés vers d’autres pays européens.
Le trafic d’êtres humains en Grèce est un problème majeur. Le pays se trouve sur la route migratoire principale entre la Turquie et l’Europe occidentale. Malgré les efforts déployés par les autorités pour lutter contre le trafic, de nombreux migrants continuent d’entrer illégalement dans le pays chaque année.
Coincés entre l’État et les trafiquants
Les organisations de défense des droits de l’homme ont critiqué la Grèce pour ses conditions de détention pour les migrants et les demandeurs d’asile. Selon un rapport d’Amnesty International publié en 2020, les migrants en Grèce sont souvent détenus dans des conditions inhumaines et dégradantes.
Le gouvernement grec a récemment annoncé des mesures pour renforcer la sécurité aux frontières et pour améliorer les conditions de vie des migrants et des demandeurs d’asile. Cependant, les organisations de défense des droits de l’homme soutiennent que des mesures supplémentaires sont nécessaires pour protéger les droits des migrants et pour lutter efficacement contre le trafic d’êtres humains en Grèce.

La crise actuelle au Sri Lanka est en train de provoquer une dramatique augmentation du trafic d’êtres humains
Les embarcations qui prennent en charge les personnes cherchant à quitter le pays sont généralement des embarcations précaires et surchargées. Les passeurs qui gèrent ce trafic sont à chercher dans de petits villages de pêcheurs. Malgré les risques, ces tentatives d’émigration illégales semblent faire de plus en plus d’émules. Malgré son aspect paradisiaque, le Sri Lanka est en proie à la plus importante crise de son histoire. Cette augmentation du trafic d’êtres humains n’est donc pas si surprenante.
Traverser l’océan Indien
Certains survivants ayant fait le voyage servent de points de contact pour les personnes intéressées. Un certain Nalaka raconte que sept ans plus tôt il a effectué le voyage vers l’Australie en compagnie de 30 autres personnes ; « C’est un voyage terrible. En mer, tout peut arriver. Je n’encourage personne à partir ». Selon la Marine sri lankaise, 1385 personnes ont été arrêtées alors qu’elles tentaient le voyage l’année passée. Ce chiffre est dix fois plus important que celui de 2021 ; seules 103 personnes avaient été stoppées.
Selon les chiffres officiels, la plupart des personnes tentant de traverser l’océan Indien essayent d’atteindre l’Australie. On sait pourtant que les mesures de sécurité de ce pays sont très élevées, sans même parler des milliers de kilomètres d’océan séparant les deux îles. Mais la crise économique pousse de plus en plus de personnes à prendre tous les risques.
Augmentation du trafic d’êtres humains et pauvreté
Cette crise est la plus grave de l’histoire du pays, depuis son indépendance de l’Empire britannique en 1948. Les réserves de devises internationales sont vides et le pays fait face à une pénurie de biens essentiels et de carburant. Cette situation semble désespérée pour de larges pans de la population. Le pays est largement endetté et attend un programme d’aide du FMI. Ce programme n’a cependant toujours pas été approuvé et risque de provoquer une crise d’ajustement au moins aussi importante pour la fiscalité du pays.
Dans cette situation, la population peine à entrevoir un avenir et cette augmentation du trafic d’êtres humains en est le signe. On estime que 311 000 Srilankais ont émigré en 2022. Ceux qui ne réussissent pas à partir par les voies légales se tournent vers les trafiquants. Il faut alors payer un peu plus de 2700 $ au propriétaire du bateau, sans aucune assurance de survie ou de succès. Les trafiquants peuvent espérer environ 82 000 $ de revenu par bateau. Des agents de renseignements du Sri Lanka essayent de surveiller spécifiquement les points de départ les plus importants. Cependant pour les défenseurs des droits de l’homme, le pays n’en fait pas assez pour mettre fin à cette situation.

Les trafiquants d’êtres humains se seraient mis à recruter activement des capitaines russes pour leurs bateaux
Des dizaines de capitaines russes auraient été embauchés pour remplacer leurs collègues ukrainiens. Ces derniers dirigeaient des navires partant de Turquie et à destination de l’Italie selon des ONG. Depuis le début de l’invasion russe, au moins 14 citoyens de ce pays ont été arrêtés par les autorités italiennes. Ces derniers sont tous accusés d’avoir transporté illégalement des demandeurs d’asile.
Les transformations du trafic
Un rapport de l’ONG italienne Arci Porco Rosso et de Borderline Europe note que les arrestations de citoyens russes dans ces affaires ont doublé. Par rapport à l’année dernière, le nombre d’arrestations de capitaines russes a donc augmenté, de même que certaines populations parmi les migrants. On note que le nombre de personnes venant de pays enclavés est aussi en hausse, comme les Tadjiks et les Kazakhs. Le nombre de Syriens et de Bengalis est aussi en augmentation. La route italienne depuis la Turquie a été établie par des Turcs comme route alternative à celle des Balkans. La longue route des Balkans est devenue de plus en plus surveillée et contrôlée.
Les trafiquants turcs ont donc commencé à utiliser des yachts rapides, souvent volés ou loués. On estime que 11 000 migrants sont arrivés sur les côtes italiennes par ce moyen. Les principaux points d’arrivée sont les Pouilles, la Calabre et la Sicile. Ces ports de départs sont généralement Izmir, Bodrum et Çanakkale. Les trafiquants recrutaient auparavant presque exclusivement des capitaines ukrainiens. La plupart avaient fui le service militaire obligatoire établi dans leur pays depuis le déclenchement de la guerre contre les séparatistes pro-russes du Donbas. Leur nombre est cependant en chute depuis février 2022.
Capitaines russes ou migrants ?
Les capitaines ukrainiens avaient un rôle fondamental et d’excellentes compétences de navigation. Le déclenchement de l’invasion a compliqué le départ des hommes en âge de combattre souhaitant fuir la conscription. Les trafiquants ont donc commencé à former des migrants pour piloter les bateaux et à recruter des Russes, mais aussi d’autres citoyens des anciens pays soviétiques. La situation est passée de quelques cas à une situation presque systématique en peu de temps.
En mai 2022, un accident a révélé que 100 migrants avaient été conduits à Siderno par deux capitaines russes et le cas le plus récent remonte à novembre 2022. Sabrina Gambino, la responsable du bureau du procureur de Syracuse explique que l’utilisation de ces bateaux de luxe est le fait d’un réseau criminel turc très organisé. La punition pour les coupables peut monter jusqu’à 15 ans de prison. La situation est encore compliquée par le fait que nombre de Russes présents dans les prisons italiennes affirment avoir eux-mêmes cherché à fuir la conscription dans leur pays. Il semblerait par ailleurs que les capitaines russes professionnels ne soient pas non plus la règle. Certains sont désignés comme capitaines par les trafiquants et servent de bouc émissaire à la justice italienne en cas de problèmes. D’autres marins sont dans des situations si compliquées qu’ils en viennent à prendre n’importe quelle opportunité d’emploi.
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